Très diminué suite à un accident de football survenu l’année de ses 38 ans, Emilio s’enlise dans l’aigreur et devient si dur à vivre qu’il préfère quitter sa femme pour l’épargner. Revenu à la foi, il décide néanmoins de lui rester fidèle.
« Voulant le meilleur pour ma famille, je n’ai pas ménagé ma peine. J’avais de qui tenir : immigrés espagnols régnant sur une tribu de 9 enfants, mes parents ont turbiné dur pour s’en sortir. Aussi ai-je décroché mon premier travail à 16 ans, après avoir obtenu un CAP de menuisier : d’abord bûcheron comme mon père, j’ai opté pour la menuiserie avant de rejoindre à 22 ans l’Office national des forêts de Sologne. Je m’y suis trouvé bien, puisque j’y ai été ouvrier forestier tout le temps de ma vie professionnelle.
Mes parents pratiquaient occasionnellement mais leur foi était très ancrée : nous ne sommes pas Espagnols pour rien ! Le baptême, la première communion, la confirmation étaient à leur yeux des étapes importantes de notre identité chrétienne. Ils ont même tenu à ce que je sois enfant de chœur. Mais comme tant d’autres, à l’adolescence, j’ai pris mes distances avec la religion.
Il m’a tout de même paru naturel de me marier à l’Eglise : ma femme ayant aussi baigné dans un milieu catholique, c’était plié ! S’engager devant Dieu, faire baptiser nos deux enfants relevait pour nous de l’évidence. Même si je mesurais mal alors à quoi nous engagent ces sacrements.
En 1996, un coup de tonnerre est venu déchirer notre ciel paisible
Entraineur dans un club de foot, j’ai reçu un ballon en pleine tempe, qui m’a précipité dans le coma. Après deux mois d’hospitalisation, j’ai pu regagner mes pénates, mais je n’étais plus le même : je suis devenu boiteux et mon dos a pris cher – 30 ans après, je vois toujours le kiné deux fois par semaine… Un mi-temps thérapeutique m’a été octroyé.
Dès lors, j’ai plongé. Dans la déprime, la colère, le mal-être. Ça a duré presque 20 ans… J’en voulais au lanceur de ballon, j’en voulais à Dieu qui avait permis que je ne sois plus que l’ombre de moi-même.
Je suis devenu invivable, colérique : j’en faisais voir de toutes les couleurs à ma pauvre femme. Au point que j’ai craint de perdre le contrôle. En 2010, il m’a paru préférable de divorcer, pour son bien à elle.
Je ne sais pas ce que je serais devenu si je n’étais revenu à Dieu.
Il y a bien un psychiatre qui m’a aidé à reprendre confiance en moi mais après des années de séance, il a fallu que je vole à nouveau de mes propres ailes. Je devenais trop dépendant. Et ça ne répondait pas à mon inquiétude profonde : quel sens a ma vie ?
C’est à mon fils que je dois d’avoir su vers où, ou plutôt vers Qui me diriger. C’était en 2014. Ses mots résonnent encore en moi : « Le fardeau qui t’écrase est trop lourd pour toi. Donne-le à Jésus : Il t’aidera à le porter. » J’ai résolu de retourner à la messe. Coup de chance : la paroisse la plus proche de chez moi, à Lamotte-Beuvron (Loir-et-Cher) était tenue par une communauté très dynamique : la fraternité Saint Thomas Becket. Là-bas, j’ai trouvé comme une famille : j’ai intégré la chorale, et surtout j’ai suivi deux ans de cours de catéchisme. Je n’en avais jamais vraiment fait, je me suis régalé : tout ce que j’ai découvert de la foi là-bas, c’était cadeau !
Grâce à cet enseignement, j’ai compris la valeur de mon engagement de mariage. Un sacrement*, on n’y touche pas ! J’ai juré fidélité devant Dieu, devant la communauté chrétienne. Mon divorce n’y change rien. Civilement, je ne suis plus marié ; devant Dieu, je le reste pour toujours. Ma femme l’est pour la vie. D’ailleurs, je l’appelle toujours ma femme.
Heureusement, nous n’habitons pas loin l’un de l’autre et continuons à nous voir régulièrement. Nous avons quatre petits-enfants et vous savez, nous autres Espagnols avons le sens de la famille ! C’est ça qui compte pour moi aujourd’hui : réunir les miens, savourer les moments simples.
Cet accident m’a certes mis à terre. Mais il m’a permis de me recentrer sur l’essentiel : si je n’avais pas Jésus-Christ aujourd’hui, je serais à côté de la plaque. Il m’a rendu plus fort et m’a donné la paix. Je lui parle souvent, et ça m’apporte beaucoup de joie. »
NB : Si comme Emilio, vous peinez dans votre couple, n'hésitez pas à prendre rendez-vous au sein de l'Accueil Louis et Zélie le plus proche de chez vous. S’il n'y en a pas, contactez-nous pour que l’on trouve ensemble une solution. Nous sommes à votre écoute.
*Un sacrement est un acte symbolique marquant les différentes étapes de vie des chrétiens, qui reçoivent par ce biais l’aide de Dieu pour fortifier leur foi. Il y a sept sacrements : baptême, communion (ou eucharistie), confirmation, confession (sacrement de la réconciliation), ordination (par laquelle on devient prêtre), mariage et sacrement des malades ou mourants.
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