
« C’est arrivé en douce, subrepticement, sournoisement, sans prévenir » se souvient l’écrivain, journaliste et réalisateur Philippe Labro dans l’ouvrage relatant la furieuse dépression qui l’a « saisi, happé, asservi » entre 1999 et 2001.
Vertiges, sueurs nocturnes, fatigue écrasante, manque d’appétit, perte de poids… L’autodidacte à qui la fortune a souri jusqu’alors (carrière fulgurante et épanouissante, vie privée heureuse) n’y comprend rien, se croit gravement malade, s’enferme dans le déni… Le mal-être se fait vertigineux : « Lassitude, épuisement, tout est lourd, difficile, insupportable. » Submergé par l’angoisse, Philippe n'a plus goût à rien, devient irritable et paranoïaque et se recroqueville sur sa souffrance, faisant le vide autour de lui.
C’est sa femme Françoise, « sa chance, sa providence » qui lui ouvre les yeux : il est en proie à une sévère dépression, il lui faut se soigner, consulter un psychiatre. Le vice-président de la radio RTL rechigne puis finit par entamer un lent chemin de reconstruction.
Labro mesure alors le stress insidieux qu’ont engendré 15 années de succès médiatique marquées par un « souci excessif de plaire et de gagner ». Ne serait-il pas plus sage de renoncer au poste de président qui lui est promis pour se préserver ? C’est le choix qu’il fait après avoir entrepris une plongée dans son passé pour faire toute la lumière sur lui : l’intranquillité de son père, les carences affectives de sa mère ont sans doute accru en son âme l’inquiétude existentielle inhérente à tout homme. Il a fui dans l’activisme jusqu’à se laisser engloutir par des « forces destructrices. »
Le recul du temps aidant, le journaliste identifie ce qui l’a aidé à se battre contre ces dernières : l’amour de sa femme et de sa garde rapprochée d’amis, ses devoirs envers ses enfants, la prise du bon anti-dépresseur après des mois de tâtonnements (l’Anafranil). Et le temps qui « fait son œuvre » pour peu que l’on soit patient.
Un livre tonique et courageux qui met en lumière les forces de vie et de résilience que chacun porte en soi.
Tomber sept fois, se relever huit, Philippe Labro, Éd. Folio, 2005, 256 p., 8,50€.

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