Travailler son estime de soi est essentiel pour grandir humainement et spirituellement



Ingénieur de formation et père d’une petite fille de 2 ans, Jean-Marie de Williencourt, 39 ans, s’est progressivement spécialisé dans le coaching. Au sein d’un petit paradis de verdure situé en Haute-Normandie, l’Ecrin de l’Andelle, il propose de concert avec sa femme Cécile1, auteur et formatrice, de nombreuses sessions ou formations pour un mieux-être physique et psychique. L’un de ses thèmes de prédilection est l’estime de soi.
Pourquoi vous être intéressé à l’estime de soi ?
Lors de ma formation au coaching, j’ai découvert l’auteur Jean Monbourquette, prêtre et psychologue canadien, auquel on doit de nombreux ouvrages consacrés au développement personnel2. À ses yeux, toute personne a un rôle spécifique à jouer dans le monde, ce qu’il appelle « une mission-vie » : ce thème m’ayant interpellé, je l’ai choisi comme sujet de mémoire. Or le préalable pour identifier cette mission c’est d’avoir une juste connaissance et une bonne estime de soi.
A quoi se mesure l’estime de soi ?
C’est l’ensemble des jugements intérieurs que je porte sur ma capacité à m’aimer et à avoir confiance en moi. En travaillant ces deux piliers (l’amour de soi et la confiance en soi), on va pouvoir agir sur l’affirmation de soi et la connexion au grand Soi, quelque chose de plus spirituel, en lien avec ses valeurs profondes.
Dit comme ça, ça sonne un peu new age, mais il n’en est rien ! Je me réfère au schéma de la personnalité élaboré par Jean Monbourquette, d’après la pensée du médecin psychiatre Carl Yung (1875-1961) : il l’envisage comme une « superposition de couches ». Il y a d’abord la persona, le masque social (celui ou celle que je parais aux yeux du monde), puis le moi (ce que je pense être), l’ombre (ce que je refoule) et enfin le grand Soi, mon identité profonde qui englobe la dimension spirituelle de mon être.
La bonne nouvelle, c’est qu’on peut améliorer son estime de soi si l’on se donne la peine de mieux comprendre ses pensées, ses émotions, le langage du corps…
Comment s’élabore l’estime de soi ?
Elle est très souvent liée à l’éducation reçue : c’est un terreau plus ou moins propice. Si un enfant ne se sent pas aimé inconditionnellement, son image de lui-même sera abîmée. Ça passe par des paroles, des gestes, des ressentis…
Ai-je été aimé(e) « sous conditions » ? (Un bon comportement, de bonnes notes, telle performance dans une discipline, etc.)
Ai-je été encouragé(e) ou dévalorisé(e) ? « Je suis fier(ère) de toi », « bravo, je te félicite » ou « t’es nul(le) », « t’es un bon à rien » ?
Ai-je bénéficié de tendresse, de gestes d’affection ?
Il peut être difficile de déployer son estime de soi quand il y a d’importantes carences pendant l’enfance. Parfois, une simple parole maladroite a pu occasionner des dégâts au long cours… D’où l’importance de relire son histoire par rapport à cette thématique de l’estime de soi, pour ne pas rester bloqué sur le passé.
On suppose qu’une piètre estime de soi affecte la relation aux autres ?
Comment aimer son prochain si l’on ne s’aime pas d’abord soi-même ? La vie relationnelle en est forcément impactée. Car seule une juste estime de soi permet de poser de saines limites à l’autre : être capable de dire non quand quelque chose ne nous convient pas est nécessaire. C’est le gage d’une relation équilibrée.
Que recommandez-vous pour restaurer une estime de soi défaillante ?
Avant les sessions, je propose un test qui met à jour les points spécifiques à travailler selon son chemin de vie. Pour ce faire, il y a ce que l’on dénomme « des stratégies ». Toutes sont aidantes, mais à chacun de déceler laquelle sera la plus opérante.
La stratégie Prophète de bonheur-Prophète de malheur, liée au sens auditif – aux paroles- qui consiste à identifier dans son parcours les figures qui, par leur attitude néfaste, ont empêché de croire en soi et celles qui à l’inverse se sont montrées encourageantes… C’est sur ces dernières qu’il importe de se focaliser.
La stratégie « Écouter les messages du corps » qui touche davantage les personnes sensibles au kinesthésique3, aux ressentis : nous proposons des méditations guidées pour se reconnecter à ses émotions. Le corps ne mentant pas, elles permettent de faire émerger des choses, d’envoyer des messages qu’il est important de savoir décrypter et écouter.
Des stratégies en lien avec l’affirmation de soi : certains souffrent d’un manque de capacité à s’affirmer. Ils peuvent s’appuyer sur la communication non violente (CNV4) pour poser des limites de manière bienveillante.
La stratégie « Intégrer ses ombres » : qui aide chacun à s’accueillir tel qu’il est, avec les différentes facettes de sa personnalité, dans son entièreté : complet, pas parfait !
Les retours des participants aux sessions confirment-ils le bienfait de ces stratégies ?
Oui, car c’est une approche globale de la personne, dite holistique5 : elle prend en compte sa dimension psychologique mais aussi spirituelle. Jean Monbourquette n’était-il pas docteur en psychologie en même temps que prêtre ? À l’Ecrin de l’Andelle, nous nous référons à l’anthropologie chrétienne. Mais le plus souvent un non-chrétien admet sans peine être relié à plus grand que soi, même si cette notion ne s’incarne pas dans un Dieu en particulier -chacun le nomme à sa façon.
Ce sont des méthodes éprouvées : je m’appuie sur l’expérience de l’association Estimame à laquelle j’appartiens et par laquelle je suis supervisé. Notre approche se fonde sur la PNL, ou Programmation Neurolinguistique, pratique théorisée en 1970 par des pionniers des neurosciences et de la psychologie.
Surtout, il y a les témoignages que je reçois : on voit vraiment un avant et un après. C’est aussi la résultante de la force du groupe et de l’alternance entre théorie et pratique, constitutive de nos sessions.
Être chrétien est-il un atout pour avoir une bonne estime de soi ?
Oui et non ! Il y a parfois une approche biaisée du don dans la compréhension du discours chrétien : tout donner sans aucune limite, c’est risquer de s’épuiser. Pour prendre soin de soi, il faut prendre soin des autres.
Mais les chrétiens sont naturellement réceptifs au « grand Soi » puisqu’ils croient en l’âme. Ils peuvent l’identifier comme Dieu ou Jésus-Christ. Par ailleurs, se savoir aimé inconditionnellement par son créateur est un atout pour aider à croire en soi.
Qu’aimeriez-vous ajouter à l’égard de ceux qui hésiteraient à suivre une de vos sessions sur l’estime de soi ?
Qu’avec Cécile, nous mettons tout en œuvre pour bichonner nos hôtes ! L’écrin de l’Andelle est un lieu pacifiant propice au ressourcement, bordé par une rivière et proche de la forêt. Des chevaux permettent de proposer des ateliers d’équicoaching6 à ceux qui le souhaitent. Et ma femme, passionnée de cuisine, mijote de bons petits plats à base d’aliments bios pour nos hôtes !
Prochains week-ends sur l'estime de soi : 28 et 29 Juin 2025/ 18-19 Octobre 2025. Voir www.lecrindelandelle.fr/estime-de-soi
NB : Si votre estime de soi est vacillante, n'hésitez pas à prendre rendez-vous au sein de l'Accueil Louis et Zélie le plus proche de chez vous. S’il n'y en a pas, contactez-nous pour que l’on trouve ensemble une solution. Nous sommes à votre écoute.
1 Cécile est l’auteur de trois ouvrages, parus chez Mame :
- Trésors de femme - Un nouveau regard sur le corps féminin de la puberté à la ménopause, 2020.
- Ton corps, un trésor - Guide pour comprendre les changements de la puberté, 2023.
- Trésors de la maternité - Un nouveau regard sur la grossesse, de la conception au post-partum, 2025.
2 De l’estime de soi à l’estime du soi, Jean Monbourquette, Ed. Bayard, 2019, 316 p.- Stratégies pour le développement de l’estime de soi et de l’estime du Soi, Jean Monbourquette [avec Myrna Ladouceur, Isabelle d'Aspremont], Ed. Novalis Canada, 2013, 520 p.
3 Les personnes kinesthésiques ont besoin de bouger, de manipuler, d’expérimenter, de toucher, de ressentir les objets…
4 La CNV a été formalisée dans les années 1960 par le psychologue américain Marshall Rosenberg. Voir www.thomasdansembourg.com/introduction-a-la-communication-nonviolente-en-3-etapes.
5 L’approche holistique envisage le patient dans sa globalité, à savoir ses dimensions physique, psychologique, socioculturelle, environnementale et spirituelle.
6 Equicoaching : art d’améliorer ses relations humaines grâce à la médiation du cheval et de son effet « miroir ». Jean-Marie est aussi équicoach.
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