« Des abus sexuels et un avortement m’ont fait m’égarer dans des voies mortifères »


« Pardon les enfants » : le récit d’une femme d’aujourd’hui, éplorée d’amour mais incapable de s’ancrer dans une relation stable suite à des abus sexuels et à un avortement contraint. Un parcours tumultueux, éclairé par la profonde foi de Rose et par une courageuse humilité.

Elle ne le sait que trop, Rose : elle a un cœur d’artichaut et manque cruellement de discernement sur le plan affectif. Son besoin dévorant d’être aimée l’a conduit à enchaîner les relations au gré de sa vie décousue, des rencontres de hasard, des bobards de Dom Juan de fortune. Elle se désole de donner raison, par son comportement, au constat désabusé d’un prêtre bourru : « Vous êtes une Marie-Madeleine des temps modernes ! »
Elle a beau rêver d’un mariage d’amour et de stabilité familiale, elle « retombe encore et toujours dans les mêmes travers », s’entichant presque toujours de « mauvais garçons ». Les pères de ses trois filles sont de ceux-là, tour à tour affectueux ou hostiles, rassurants ou menaçants. Avec eux, ce sont les montagnes russes, des relations tortueuses, souvent toxiques, génératrices d’instabilité. Sa vie professionnelle, sa situation économique, sa santé s’en ressentent : Rose enchaîne les galères, faisant contre mauvaise fortune bon cœur.
Ce qui l’a entraînée dans ces chemins chaotiques ? Une première relation sexuelle à son corps défendant avec un petit ami trop empressé l’année de ses 17 ans, puis un viol brutal sur un parking 5 ans plus tard. En réaction, Rose devient « une mendiante d’amour » (sic) cherchant en vain un baume dans le plaisir des sens, jusqu’à en devenir accro. À ces drames originels vient se greffer un avortement, sous la pression de son premier grand amour, effrayé à l’idée de devenir père trop jeune. Écartelée, Rose cède. Jamais elle ne s’en remettra :
« Une partie de moi s’en est allée avec cet être que, sans le savoir, j’aimais déjà… »
Dans ce chaos mortifère, la Vie pourtant ne désarme pas. La maternité « miracle de la Création qui nous donne un nouveau souffle » relève Rose, avec le renfort de la foi. Au cœur de chaque épreuve, elle implore l’aide du Ciel, qui lui adresse d’évidents et surprenants clins d’œil-Dieu. S’il lui arrive sur ce chemin de conversion d’emprunter des voies sans issue, elle retrouve toujours la grand route, assurée que le Christ seul est vainqueur de la mort et porteur de paix et de joie.
Pardon les enfants, Rose Delattre, Éd. Salvator, 2016, 207 p., 20 €.